Sacwantès idêyes so l' etimolodjeye do mot "galatasse"

Galatassaray - Arsenal : 1 - 0

Rén d' tél què l' fotbâl pou vos èvoyî pourmènér long arî dè d' ci !

Èl nom du club dè Turquiye èrchène fourt a in mot d' no walon, galatasse ; après l' match, Dj'é plondji dins lès lîves tèrchèdon qu' Danièle cachoût in ridant a cu d' soris sus Intèrnèt.

Une galatasse ou gloriyète, c'est une tonnelle ou gloriette.

Le club de Galatassaray (Galata Saray, palais de Galata) tire son nom de la tour Galata, ou du quartier avoisinant, à Istambul, sur la rive Nord de la Corne d'Or ; les Galates étaient une tribu celte établie en Turquie, près de l'actuelle Ankara, déjà avant J.-C. C'était de bons soldats qui ont servi comme mercenaires sous les Romains et qui avaient peut-être leur garnison à l'endroit où s'élevait cette tour.

En grec, galatai est un des noms donnés aux gaulois.

À première vue, pas de rapport entre la tour Galata et gloriette ou tonnelle.

Cependant, il y a un mot français qui ressemble un peu à galatasse, (fém.), c'est galetas (masc.) (orthographié galathas en ancien français), réduit misérable dans les combles d'un immeuble. L'étymologie donnée pour galetas par Dauzat, Greimas (dictionnaire de l'ancien français, Larousse) et par Littré, c'est la tour Galata.

La ville d'Istambul portait, avant qu'elle ne soit conquise par les Turcs, le nom de Constantinople. Elle était initialement bâtie sur la rive européenne du Bosphore, au fond d'une baie, la Corne d'Or et sur la rive Sud de cette baie. Elle connut son apogée au VIème siècle où elle comptait un million d'habitants.

Lors de la première croisade, les Croisés y furent accueillis, sans grand enthousiasme, en 1096 ; lors de la quatrième, en 1203, les choses tournèrent tout à fait mal, la ville fut prise, pillée, saccagée, réduite en cendres par les Croisés.

Grâce à Internet, Danièle a eu accès au récit de la prise de Constantinople écrit par le chroniqueur Geoffroi de Villehardouin qui participait à la quatrième Croisade

Cette ville, immense pour ce temps là, émerveilla les Croisés et, notamment, une de ses tours, la tour Galata, un des bâtiments les plus élevés de l'époque, qui commandait l'accès au port, à la Corne d'Or. Cette tour leur fit un peu l'effet que firent plus tard, sur les touristes, la Tour Eiffel ou la statue de la Liberté.

Voici quelques citations reprises de Littré.

La première est précisément un extrait de Villehardouin: li uns des chevaliers fu à une des tors de Constantinople, li autre furent à une ville que l'on appele Parte ; au chief de cele vile avoit une tor là où uns des chiés (bouts) de cele chaene fu qui de Constantinople venoit¼ cele tor a nom la tor de Galathas.

Il s'agit donc d'un des épisodes du siège de la ville par les Croisés en 1203 et on pourrait traduire : certains des chevaliers s'en furent devant une des tours (de l'enceinte) de Constantinople ; les autres s'en furent dans une ville appelée Parthe ( ?) (sur l'autre rive de la Corne d'Or) ; parce que là se trouvait une tour située à un des bouts d'une chaîne qui venait de Constantinople¼ cette tour porte le nom de Galathas (la chaîne en question barrait l'accès au port).

La deuxième du début du XVième est due à Christine de Pisan ; elle est tirée du livre des faits de Charles V qui régna de 1364 à 1380 : et beaus sauvoirs pour les poissons garder, galatas grans et adrois, et belle tour qui garde les détroits où l'on se peut retraire à sauveté. Il s'agit probablement de la description de l'une ou l'autre place forte ; les galatas désignent probablement un palais ou bien un château fort.

Troisième citation : galathas, nom donné à une chambre dans une maison des Templiers ou à une partie importante d'un grand château.

Quatrième citation : au XVIème, le galetas est un logement sous les combles : se retirer au galetas de son palais (La Bruyère).

La conclusion de Littré, c'est que, par un cheminement inattendu, le nom de cette tour de Constantinople en est venu à signifier une chambre sous les combles.

Resterait maintenant à expliquer comment ce nom de Galatas a bien pu désigner une tonnelle ou gloriette, petite construction de treillage recouverte de feuillage et servant d'abri.

Tonnelle est le diminutif de tonneau, du gaulois tunna, tonneau.

Gloriette est la forme ancienne de gloire ; au XIIème, c'est le nom du palais de Guillaume d'Orange, appelé Guillaume el Aziz, le glorieux

Il est possible que le fait d'avoir une gloriette dans son jardin était quelque chose dont on était fier, une sorte de promotion sociale !

En l'absence de tout document ancien écrit en wallon, il est évidemment impossible d'affirmer quoi que ce soit à propos du cheminement de " galetas " vers " gloriette " ; une des pistes possible est la suivante.

Quand nous avons envie de nous reposer ou de réfléchir calmement à un problème, nous allons dans notre maison de campagne ou notre caravane, à quelques km. de chez nous ¼ depuis que nous disposons d'une voiture.

Avant cela, si on voulait avoir le calme, on pouvait se retirer au grenier, au galetas (cfr. La Bruyère) ; déjà chez les Romains, il existait, dans la demeure luxueuse des riches, une cella pauperis, un réduit du pauvre, une chambre d'aspect misérable, pour y faire une sorte de retraite (Gaffiot).

La gloriette ou la tonnelle, c'est aussi un réduit où l'on peut trouver le calme, ce serait l'équivalent de la chambre sous les combles.

Tournons-nous maintenant vers le club anglais de l'Arsenal ; pour aller en Angleterre, vous pouvez emprunter le tunnel sous la Manche ; le tunnel, c'est un mot anglais dérivé de tonnelle et qui nous est, par la suite, revenu en français.

Rien à faire, pour aller d'Istambul à Liverpool, vous devez passer par les tonnelles de Wallonie !

Voilà un souvenir que garde la langue wallonne de ces folles aventures militaires que furent les croisades.


Danièle Trempont & Louis Marcelle, divins El Bourdon.