Projet de Dictionnaire Général du Wallon. 

Li Diccionaire di Tot l' Walon (D.T.W.).

Dressêye:


Un projet visant à établir un Dictionnaire général de la langue wallonne a déjà existé. Les compte-rendus ont été publiés dans la Revue Bulletin du Dictionnaire Général de la Langue Wallonne (1905-1970) (Contact: SLLW).

Il a échoué pour plusieurs raisons. Il était fondé sur des enquêtes épistolaires; c'était là une méthode très lourde; de plus l'"authenticité" des témoignages recueillis n'était pas garantie, ce qui a provoqué le départ de J. Haust, longtemps le principal animateur du projet. Toutes les langues régionales romanes de Wallonie étaient reprises, ce qui ne simplifiait pas les choses. Enfin, les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas aussi facilement qu'aujourd'hui de gérer une masse de renseignements qui a rapidement dépassé les espoirs des auteurs.

Mais il semble aujourd'hui possible de réussir, dans la mesure où:

Une autre leçon importante de l'échec de ce premier projet de dictionnaire général est qu'il ne faut pas viser l'exhaustivité. L'objectif premier de la SLLW était de sortir d'abord une édition de petit format et de la compléter ensuite. Mais cette idée a été abandonnée pour intégrer les renseignements qui ont rapidement afflué en masse dans les bureaux de la SLLW. Résultat: une richesse extraordinaire... pour un dictionnaire qui s'arrête à "AP" 36 ans après le début des travaux.


Mais au fond, pourquoi faire, un "dictionnaire général"?

Le regard qu'on pose sur une langue est capital: si les gens n'aiment pas leur langue, où la considèrent mal ou faussement, ils la laissent mourir sans éprouver le moindre remords. Etablir un dictionnaire "général", c'est d'abord contribuer à changer le regard que nous posons sur le wallon: ce n'est pas un ensemble hétéroclite de dialectes plus ou moins riches et survivant dans un isolement artificiel. C'est d'abord une langue - comprenant des modalités. Elle dispose de nombreuses richesses... pour le moment dispersées. Un dictionnaire général pourrait constituer une vitrine du wallon, pour les Wallons eux-mêmes mais aussi pour l'extérieur. Il n'est peut-être pas tout à fait utopique d'espérer que ce travail pourrait avoir quelque utilité pour les Wallon(ne)s, par le rapprochement "surprenant" de dialectes dont on finissait par se demander s'ils avaient bien quelque chose en commun. Le travail est demandé par une catégorie de noûwaloneus.

Jusqu'à présent, nous ne disposons quasiment que de dictionnaires locaux ou régionaux. Quelles que soient leurs immenses qualités, il faut également reconnaître qu'ils renforcent notre tendance au localisme. En effet, ils utilisent chacun leur propre orthographe et ne montrent pas que la plupart des racines, des tournures, des expressions... sont communes à l'ensemble du domaine wallon. Ainsi, ils tendent à accréditer l'idée qu'il y a cinquante langues en Wallonie, incompréhensibles et étranges.

Ce dictionnaire est enfin une vitrine pour une forme de langue écrite commune, dont nous parlerons ensuite. Disons déjà que le système adopté tente de trouver un équilibre entre l'unité et la diversité. Toute personne en Wallonie, quel que soit son parler, devrait théoriquement retrouver dans ce dictionnaire les mots comme elle les prononce, du moins dans la mesure où les mots en question ont été enregistrés dans des dictionnaires antérieurs.


Comment a-t-on procédé?

1. Johan VIROUX, initiateur du projet, a établi une liste de 400 glossaires, dictionnaires, lexiques, mémoires, etc.

Parmi ces 400 dictionnaires, seize (quatre par zone dialectale) ont été jugés plus importants que les autres, parce que ce sont des monuments incontournables (Haust, Léonard, Carlier, Francard), ou parce qu'ils sont représentent des régions moins connues (Ciney, Cerfontaine, Malmedy, Bouillon, Neufchâteau, Givet, Sud-wallon occidental).

Tous ces dictionnaires seront encodés intégralement, dans leur orthographe originale avec des renvois vers une forme normalisée.

2. Il faut ensuite établir un système de normalisation et une norme orthographique. Le système employé dans le dictionnaire est, dans les grandes lignes, celui de Walo+ (UCW 1992), avec intégration des règles sur l'élision de Francard 1994 et en insérant progressivement les betchfessis scrijhas (diasystèmes) acceptés par la Commission Normalisation de l'U.C.W.

3. Ainsi, abaxhî (abaisser) représente: abahî, abachî, abachi, abacher, abachè.


Après la phase de conception de la base de donnée, commençait le long travail d'encodage. Où en est-on après quatre de travaux?

Les lettres A, B, C, D, E, N et Z sont entièrement encodées. Le travail d'encodage des A, une partie des C, et les E a été réalisé par Laurent Hendschel de 1993 a 1995. Les B, une partie de C et les D et les N ont été réalisés par Thierry Dumont en 1993-1996. Les Z ont été réalisés (à titre symbolique) par Lucien Mahin. Le problème actuel est le manque de disponibilité des premiers djintis ovrîs, due à des contraintes professionnelles, familiales, etc, et surtout parce qu'il est apparu que, pour li walon did dimwin, l'action "sur le terrain" est plus primordiale que l'activité "au labo". Seul Thierry Dumont y travaille encore actuellement actuellement.

Une autre difficulté apparue en cours de projet est l'évolution dans la conception des formes de référence, suit à l'adoption de la méthode de normalisation dite à betchfessîs scrijhas, et l'idée qui fait son chemin du disfaflotaedje (réduction du nombre de caractères accentués). Ces contraintes se répercutent également sur l'orthographe des phrases, qui sont toujours normalisées.

Il est donc primordial, dans l'état actuel du projet, d'élargir les moyens humains mis en oeuvre. Le travail d'encodage étant théoriquement "technique", il pourrait être réalisé par des sécrétaires indépendantes. La transformation des phrases et des formes de référence en fonction des décisions concernant la normalisation peut souvent être automatisée (par ex. remplacer le suffixe -ia du début du projet par le betchfessi -ea). Comme souvent, le seul réel problème est une question de budget. D' où l'idée de "make business with walloon", pour créer un auto-financement.


D' après Å raploû-tot des walons, inédit, L. Hendschel, 1995.


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