Page de Georges Ista.

Li pådje da Georges Ista.

Dressêye:


Georges Ista, dans un classique des récitations wallonnes

Les boûkètes

C' esteut l' nute du Noyé, li mame féve des boûkètes,

Et tos les ptis efants, rassonlés dilé l' feu

Rin k' a houmer l' odeur ki montéve del pêlète

Si sintît l' êwe al boke et s' raletchît les deuts.

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Cwand on costé del påsse esteut djusse a l' idéye,

Li mame prindéve li pêle, el hoyéve on ptit côp,

Et pwis, hop ! Li boûkète è l' êr féve ene dimèye

Et dvins l' mitan del pêle ritouméve cou-z å hôt.

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- Lèyîz-m' on pô sayî, brèya li ptite Madjène,

Dji wadje del ritoûrner, d' adreut do prumî côp.

Vos alez vèyî, Mame. Et vola nosse glawene

Ki prind l' pêle a deus mins, ki s' abaxhe on ptit côp...

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Et rouf ! Di totes ses fwèces, elle evole li boûkète.

Ele l' èvola si bin k' ele n' a måy ritoumé

On cwèra tos costés, so l' årmå, podrî l' pwète,

On n' ritrova måy rin. Wice aveut-ele passé ?

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Tolmonde si l' dimandéve, et les cméres dè vinåve

Si racontît tot bas, al nute, åtoû do feû,

Ki c' esteut sûr li diâle k' esteut catchî dzo l' tåve

Et ki l' aveut magnî sins fé ni yene ni deus.

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L' iviér passa. L' osté ramina les verdeurs

Et les fiesses di porotche ås djoyeus cråmignons.

Tolmonde aveut dèdja roûvî ciste avinteure

Cwand li mére da Mådjène fa rblanki ses plafonds.

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Vola don l' bwègne Cola, blankiheu sins parey

K' arive avou ses breusses, ses håles et ses sèyês.

I cminça dè bodjî les ptitès bardaxhrèyes

K' estît avå l' manèdje; i westa les tåvlês

Ki pindît so les meurs; pwis, montant so s' halète

I dpinda l' grand mureu ki hågnîve sol djîvå.

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Et c' est podrî l' mureu k' on rtrova nosse boûkète,

K' esteut la dpôy sî meus, co pus deure k' on vî clå

Neure come on cou d' tchapê, reude eco pé k' ine beye

Frèzéye come ine veye catche, et dzeur di tot çoula,

Tote coviète di strons d' moxhe, et télmint tchamosséye

K' elle aveut des poyèdjes co pé k' in agora.

 


Georges Ista, notamint divins: Li vî Sprawe, cwarante-sètîme huflèdje, 1995.


Biographie de Georges Ista, par Jenny d'Inverno.

Qui ne s'est, une fois au moins dans son existence, essayé à conter les aventures d'une Boûkète èmacralêye disparue un soir de Noël et qu'un maître-plafonneur retrouva, six mois plus tard, coincée entre un mur et le miroir de la cuisine? Pourtant, peu savent que ce cheval de bataille, enfourché par les générations successives d'apprentis récitants est l'oeuvre de Georges Ista. De même, Li pètård, autre poème grand favori des écoliers.

Au début de ce siècle, Georges Ista auteur dramatique connaît la même popularité, la même faveur du public qui, par sa ferveur et sa fidélité, fait alors les beaux soirs du théâtre wallon. En huit ans; il donne huit pièces à la scène dialectale; en tout, seize actes. C'est tout. Leur succès est retentissant. Mais qui donc est Georges Ista?

Il naît à Liège le 12 novembre 1874, dans une famille de tapissiers-garnisseurs. Il ne fait pas d'études poussées. Par contre, il a tôt manifesté des dispositions pour la musique et joue très joliment de la mandoline et de la guitare. Il opte d'abord pour le métier familial traditionnel. Mais, bientôt las de ce qui n'est sans doute, au fond, qu'obéissance filiale, il se tourne vers ce qui le passionne davantage peu à peu, il s'affirme comme dessinateur, caricaturiste, peintre, graveur sur armes et aquafortiste. En même temps, il tâte de l'écriture; il est conteur né, d'esprit vif, incisif, plutôt insolent. Le journalisme l'interpelle.

Il est amateur de théâtre wallon, - ce wallon qu'il parle à merveille, et fier de Tåtî l' pèriquî comme tout un chacun. Il admire Henri Simon, peintre comme lui, dont il a vu des pièces qui lui plaisent, notamment ce A chaque marihå s' clå qui l'a fort impressionné. Il n'est pas sans réaliser que le théâtre de Simon, outre qu'il exhibe une langue parfaite, est le fait d'un être intelligent, cultivé et sensible. Comment ne pas voir cette oeuvre se démarquer des élucubrations déliquescentes d'un Alphonse Tilkin ou d'un Simon Radoux, des outrances parfois grossières d'un Henri Baron, du verbiage d'un Théophile Bovy? Et voilà que, pendant 1904, poussé par on ne sait quelle force complexe, Georges Ista rédige, en trois actes, l'histoire de ce Mon-n-onke Djouprèle, l'oncle au grand coeur qui sauve son neveu Hinri des vues très intéressées de Madame Plovinète et de sa fille-pimbêche Victwére, pour le conduire à épouser plutôt Ninîye, une orpheline aux qualités multiples et qui assume avec courage les affres d'une vie sans joie.

Le Casino Grétry, premier théâtre communal wallon (plus tard Pavillon de Flore, puis Trianon) vit des heures d'exaltation sous la direction de Guillaume Loncin. C'est à ce dernier que Georges Ista soumet sa première oeuvre. Séduit, Guillaume Loncin la crée le 2 mars 1905. Le public plébiscite sa décision. Conquis, il saluera sans réserve la naissance de chacune des pièces de notre auteur.

La même année déjà, Qui èst-c' qu' est l' maîsse? illustre avec malice le "ce que femme veut..."

1906 année fructueuse. Le Casino Grétry crée Li rôze d' årdjint ou comment l'entregent et la gentillesse d'une jeune personne transforment la poussière d'une boutique en magasin attrayant, et ce en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Puis, outre qu'il n'a abandonné ni le dessin, ni la caricature, Georges Ista fait ses débuts de journaliste au "Journal de Liège" où, pendant six ans, il rédigera les "Propos libres et variés". Du 15 octobre 1913 à août 1914, il publiera dans "L'Express" deux dialogues par semaine sous la rubrique "Hâre èt hote".

1907 : le public accueille avec confiance Piére ou Pôl, trois actes pourtant sans surprise sur le thème éculé du choix entre le soupirant, fringant mais superficiel, et l'amoureux, maladroit peut-être, mais qui offrira solidité et fidélité.

1908 : Mitchî Pèkèt fait une entrée en fanfare sur les tréteaux dialectaux. l'histoire de cet ivrogne invétéré, prêt à tout face à la bouteille d'alcool, soulève la sympathie d'un public bon enfant; quand, dans un sursaut de lucidité et d'honnêteté, Mitchî accuse et dénonce le voleur qui va détruire le bonheur d'un jeune couple, la salle comble frémit; et quand, remercié par l'amour ainsi protégé, il refuse le loyer qui lui est offert et s'en va, digne, seul et pour toujours, la salle en pleurs fait une ovation au nouveau héros du répertoire.

1909 : le destin de notre auteur se précise : il veut désormais vivre de sa plume de journaliste et de dessinateur; il s'installe à Paris. Avant de nous quitter, il donne au théâtre wallon Madame Lagasse, jouée l'année même, Madame Lagasse, cette insupportable championne de la logorrhée qui traumatise son entourage jusqu'à le détruire. En 1910, autre portrait pour la galerie : Li veûltî débarque un jour dans un ménage bourgeois pour y remplacer quelque vitre innocente. Sans-gêne, maladroit, pique-assiette, grossier, il a tôt fait de se muer en tornade qui dévaste tout sur son passage.

Enfin, en 1912, Li båbô, sa dernière pièce, l'une des plus populaires. Des générations unanimes se sont émues du sort de ce benêt de trente ans. Pilier de l'entreprise familiale, supportant sans se plaindre l'inconscience paternelle, l'égoïsme de ses frères, l'esclavage laborieux, mais qu'un amour blessé pousse à quitter la maison, Djôsèf reviendra, cependant, à l'initiative d'une parente âgée qui eut, elle aussi, à sacrifier sa jeunesse et qui le persuadera de la noblesse du devoir accompli sans broncher.

Le cercle de la production scénique de Georges Ista est clos. Si l'on y ajoute quelques revues locales dont la mythique Titine est bizéye qui connut un triomphe au pavillon de Flore et dont les échos ont allègrement franchi leur siècle presque complet.

Durant la première guerre mondiale, il est rentré en Belgique et vit à Sy, avec le peintre Richard Heintz. En 1917, Bénard, à Liège, publie, en plusieurs tomes, ses "Contes et nouvelles".

A Paris, où il se fixe définitivement après l'armistice de 1918 et jusqu'à sa mort, le 6 janvier 1939, il aura publié plusieurs romans. Il aura été l'un des nègres attitrés de Henri Gauthier-Villard, Willy en littérature, premier mari de Colette. Il aura donné d'innombrables articles et dessins, notamment à "Comoedia", "La petite République", "Le Rire", "L'Oeuvre", "Le Merle blanc".

"Georges Ista a passé comme un petit météore" écrit Maurice Piron. La formule est jolie et juste. Si l'on songe que huit ans ont suffit à ce touche-à-tout de talent pour doter le répertoire dramatique wallon d'un bagage aujourd'hui encore populaire et joué. Jouées, ces pièces le furent, et combien, au début de ce siècle, dès après le succès retentissant de leur création. Au hasard des recherches, je note qu'en 1923 par exemple, Bénard avait réalisé la deuxième édition de Li Veultî et de Madame Lagasse, la troisième de Mon-n-onke Djouprèle. Une troisième édition, non datée, de Mitchî Pèkèt, par L. Sauveur, à Huy, existe. En 1926, les Éditions Sauveur & Lecresse, à Statte-Huy, présentent une quatrième édition de Qui èst-ce qu' est l' maîsse? Je n'ai pu consulter que les éditions originales de Piére ou Pôl, Li rôze d' årdjint et Li båbô; mais il est vraisemblable d'imaginer qu'elles connurent des fortunes tout aussi spectaculaires. De 1963 à 1968, alors que je dirigeais le théâtre du Trianon, Georges Ista fut l'un des auteurs les plus redemandés par le public. Aujourd'hui encore, je constate avec surprise que les titres de Mitchî Pèkèt et Li båbô sont parfois connus d'êtres jeunes qui n'ont, avec le monde dialectal, que des rapports lointains. A quoi donc faut-il attribuer cette popularité persistante?

Le théâtre d'Ista est fermement ancré dans son époque. Sans doute s'inspire-t-il, au départ, de ce qui existe de meilleur, en l'occurrence Édouard Remouchamps et Henri Simon. Il est peintre, graveur, caricaturiste. Comme on l'a écrit : "Que l'image, souvent, vienne éclairer l'art de l'écrivain n'a rien qui puisse surprendre", après quoi l'on cite Henri Simon puis Georges Ista, chez qui se vérifie cette "convergence des modes d'expression". Mais enfin, si la délicatesse du procédé est évidente chez Simon, qui le prouvera plus encore dans sa poésie que dans son théâtre, par contre, la violence de touche chez Ista fait, à de multiples reprises, basculer ce théâtre d'observation dans un univers caricatural. Madame Lagasse est insupportable à lire ou à entendre dès la cinquième minute d'un acte qui en compte vingt-cinq. On se demande au nom de quelle convention, même théâtrale, Li veûltî pourrait semer le désastre, alors qu'il serait si simple de l'expulser dès sa première incartade. Souvent, le même procédé, abusivement répété par tel ou tel personnage pour provoquer le rire, irrite et devrait atteindre un résultat opposé. Aucune pièce, sauf peut-être Qui èst-ce qu' est l' maîsse?, ne témoigne d'une construction transcendante. Et dans presque toutes, les ingrédients préférés de l'époque sont réunis sans vergogne, sans mesure, sans pudeur, pour assurer au maximum le succès de la recette : des types sans nuance et sans vraisemblance profonde, affublés de tics de langage ou de comportement, qui, disposés sur un échiquier conventionnel, laissent peu de place à l'intérêt d'une intrigue ou d'un dénouement imprévu.

Parfois, dans cet univers très "théâtre wallon", sourit on ne sait quelle grâce égarée : la crise de colère du père en rupture d'autorité, dans Qui èst-ce qu' est Maîsse? est un petit morceau de malice pure. Certains échanges entre Mitchî et Marèye-Djôsèfe, dans Mitchî Pèkèt, ne sont pas sans rappeler la vivacité de ton entre Tåtî et Tonton, dans Tåtî l' pèriquî. La scène au cours de laquelle Hinri taquine Ninîye, au début de Mon-n-onke Djouprèle, est un exemple de légèreté tendre. La fin de Mitchî Pèkèt surprend par sa sobriété. Et dans la longue tirade de Mayane expliquant au "båbô" la beauté du devoir à accomplir court, malgré l'insistance à tout expliciter, une sincérité bien près de nous toucher.

En dépit de routes les critiques, les huit pièces sont portées par un rythme pétillant, sans faille et servies par une langue admirable : robuste, narquoise, si authentique qu'elle est, à elle seule, délectable à entendre. Mais quelles qu'en soient les qualités, leur niveau bien supérieur à celui de leurs contemporaines, les moments où l'on devine ce qu'aurait pu être Georges Ista aussi dégagé de la mode qu'il le fut d'un destin trop étroit, on ne peut déclarer l'ensemble indemne des travers théâtraux de son époque. Dire, comme Maurice Piron, qui pourtant ne fut jamais suspect de complaisance, que Li båbô est "un véritable chef-d'oeuvre" me paraît injustifié. Dire que cet "awè, matante, ovrans" qui le termine "vaut bien la leçon de Candide et représente un des plus beaux instants du théâtre wallon" me semble un petit accès de lyrisme abusif et coupable. Tout au plus pourrait-on y voir un des plus beaux instants du théâtre wallon du début de ce siècle.

Rythme, donc, et langue admirable. Ce sont, au théâtre, des facteurs de succès dont presque tous nos auteurs d'aujourd'hui auraient fort à apprendre. Mais aussi, les pièces de Georges Ista surviennent à un moment où le théâtre communal wallon compte une pléiade d'acteurs dont les noms enchantent encore nos mémoires : Guillaume Loncin, Fernand Halleux, Donat, Wagener, Brasseur, Delhaxhe, Radoux, Léopold Broka, Madame Loncin Vidal, Alice Legrain, Lambremont et tant d'autres. Ce sont des acteurs d'instinct prodigieux, d'un naturel que même les acteurs français de l'époque leur envient; véritables régulateurs capables de gommer l'excès d'un personnage ou d'en muscler les insuffisances, ils corrigent, s'il se peut, certaines outrances ou certaines carences d'écriture. Et la pièce n'est plus seulement ce qu'elle était lorsqu'elle parvient à un public dont ils sont, par ailleurs, les idoles.

Enfin oui : en face d'acteurs exceptionnels, il y a ce public. Il est nombreux. Il est fidèle. Il est enthousiaste. Mais il faut constater que, en dehors de Tåtî et du théâtre de Henri Simon, son pain quotidien est fait d'oeuvres mineures, médiocres sinon pires. Semaine après semaine et sauf exception qui confirme la règle, il assiste à trois ou quatre actes dont le décor l'introduit dans un lieu stéréotypé, où se déroulent des intrigues sommaires cent fois répétées et où se meuvent des personnages sans psychologie réelle; il subit et ingurgite un faux réalisme à doses massives : le quotidien est tristement artificiel; mais même et surtout quand il se veut grave et violent, le théâtre wallon de l'époque se noie dans une naïveté qui ferait douter de notre intelligence collective. Le théâtre "social" de Henri Baron, par exemple, est beaucoup plus anodin, plus vulgaire et plus simpliste que ce que l'image d'Épinal est aux boucheries napoléoniennes. Le public du théâtre wallon, cependant, s'accoutume à ce genre de représentations. Mieux: il en redemande. Sans doute ne s'avise-t-il pas qu'il sombre dans un climat de confort malsain où il ne compare, ne choisit, ne critique plus. Petit à petit, il s'anesthésie. Il s'habitue à n'admettre plus que des oeuvres somme toute identiques, strictement superposables, frappées au coin d'un moralisme tiède et commode. Faute de talent et d'audace, ce théâtre de la vie quotidienne se fige et devient un théâtre en marge de la vie qui n'imagine même pas aller puiser ailleurs son renouvellement ou son intemporalité.

Quand Georges Ista apparaît dans ce contexte, il a pour lui la vivacité, la malice, une certaine intelligence du dialogue et l'atout d'une langue exemplaire. Il donne ainsi, et justement, l'impression d'être meilleur que ses contemporains. Commet le public ne lui rendrait-il pas raison et ne lui réserverait-il pas un accueil exceptionnel?

Mais, pour masqués qu'ils soient par ces qualités personnelles, tous les germes nuisibles, les outrances, les procédés faciles, les tics sont utilisés par Ista. Et parce qu'il est plus doué que ses contemporains, il doit lui être moins pardonné de participer au déclin d'un théâtre qu'il pouvait mener plus loin.

Sans doute n'en eut-il pas conscience, lui qui écrivait : "Jamais la Wallonie n'a été plus nettement isolée qu'aujourd'hui dans ses frontières dialectales. Jamais elle n'a eu plus grand besoin d'un langage qui caractérise, réveille et entretienne les sentiments particuliers de la race."

 


Jenny d'INVERNO, Wallonnes, 1/1996.


Classique de la chanson wallonne.

Li hårkê

Avou m' hårkê so mes deus spales,

Dj' aléve al fontinne rimpli mes seyês

Cwand amoussa, foû d' ine rouwale

On gros vî moncheu ki m' bodja s' tchapê.

Vos fez petchî, di-st i, Mamzele

So des blankès spales on n' deut rin tcherdjî.

Dinez m' çoula; min, po m' dringuele,

Åré dj' ine sacwè po vz aveur êdî ?

Dji n' a rin a dner, Moncheu, dj' el rigrete

Po-z aveur al vûde pwerté mes seyês

Min cwand i sont plins, dj' rabresse a picete

L' binamé valet ki pwete mi hårkê (deus côps).

 

Si c' e-st insi, dj' årè l' båjhèdje

Ca dj' el vou wangnî, dijha l' vî moncheu...

Adon, dè hårkê dji m' dihèdje

Puski del pwerter,'l esteu-st awoureus.

Mon Diu ! come il aveut l' êr biesse!

Vos årîz djuré l' ågne di nosse molin

Cwand ennè va, l' oreye e cwesse,

Avou deus setchéyes pindowes a ses rins.

Tot m' dimandant m' no, tot m' fant des clignetes,

Disk' e fond del rowe, fir come on påkê,

Comptant k' il åreut deus båjhes a picetes,

Li pôve veye bonete mi pwerta m' hårkê (deus côps).

 

Cwand on fourî-st adlé l' fontinne,

Dji lî djha : Moncheu, n' alez nin pus lon

Awè, di-st i, nolu n' nos djinne:

Abressiz m' bin vite, mi nozé poyon !

Vos v' marihez, Moncheu, dj' abresse

Li ci k' a pwerté mes deus seyês plins.

Min, cist ovredje la, dj' el kifesse,

Dj' el fêt todi fé di m' galant Mårtin

Cwand tome li vespreye, i vin-st e catchete

Ratinde ki dji passe avou mes seyês

Et c' est l' bê Mårtin, k' dj' abresse a picetes

C' est lu, tos les djoûs, ki pwete mi hårkê !


Paroles: Georges Ista; Musike: Pierre Van Damme.

  divins: Chansons wallonnes, CD, Blawète Records (avec traduction française), Vindaedje: CRIWE.

Utilisation des betchfessîs scrijhas: jh (båjhe, båjhèdje, dijha) se prononce H (båhèdje, diha), ou, en fin de mot, ich-laut: ine båhe (båhye).

hårkea. [o.n.] 1. (vî mot d' cinsî) bwè travayî k' on poite so les spales, et k' gn a deus saeyeas ki pindèt après. Dji rabresse a picete l' binamé valet ki poite mi hårkea (G. Ista). rl a: gorea, lamea, coûbe, golé, haminte. F.(vx, B): porte-seaux. >> mete li hårkea (a kéconk): li tni e cabasse (lî passer s' bresse ttåtoû di s' cô) [...] Disfondowes: haurkê, hârkê, harkê, horkê, hâkê, hâlkê, haurkia, haurtcha, haurkâ, haurpia, haurtia, aurtia. Etimolodjeye: vî lussimbordjwès "hard" (pitit fi toirtchi) (rl a: håre, håde), avou candjaedje D -> K (rl a: archele). Coinrece Grand Payi d' Lîdje. (esplicant motî).


Ista, Georges (1874-1939) sicrijheu d' walon, gaztî (a Pari) di s' mestî, et pondeu et caricateurisse po passer s' timp. I scrît, aprume do teyåte: "Monnonke Djouprele", (1904), "Qui est-c' qu' est l' maîsse ?" (1905), "Li rôze d' årdjint" (1906), "Piére ou Pål" (1907), "Mitchî Pèket" (1908), "Madame Lagasse" (1909), "Li veûltî" (1910), "Li båbô" (1912). Après, i rashonne sacwants rimeas et paskeyes divins "Contes et nouvelles" (1917) parexhou e pluzieurs lives, wisk' on trove des bokets foirt rilomés come "Li boûkete emacralêye", on classike des recitaedjes d' efants, u "Li hårkê", metou felmint e muzike pa Pierre Van Damme. I n' sicrirè pupont d' walon après çoula - a passé come on vint d' bijhe ezès belès letes e walon, sapinse a Maurice Piron -, mins ses pîces, foirt ben adjinçnêyes et avou do mo bon walon, sèront djowêyes eyet rdjowêyes.


L. Mahin, coirnêye do splitchant motî.


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