CD Noël 1999 a Ransart (J. Goffard).

Plake lazer e walon ey e francès "Nowé al Ronsåt".

Dressêye:


L'utilisation commerciale de ces textes est régie par la SABAM


La légende des Raspes.

La date et l' époque de cette histoire sont à jamais ensevelies dans l' obscurité du passé. Et pourtant... La rumeur affirme qu'il y avait autrefois le seigneur d' un village voisin qui n'aimait pas le travail. Quand ses parents, emportés par une grave maladie, quittèrent le monde des vivants, leur fils se mit à vagabonder. Son seul plaisir était de se promener dans la région, ma foi très belle. Ainsi, il pouvait flâner dans la nature. Il menait la belle vie, se gavant de bonnes choses et du chant des oiseaux. N'arrêtant pas de manger, il était devenu énorme.

Un jour pourtant, après avoir vendu château et terres, il n'eut plus le sou.

L'hiver vint brusquement, et avec, tous ses désagréments. Pour lui, ce fut terrible. Bientôt, la mi-décembre arriva. L'on préparait déjà la fête de Noël dans les chaumières. Mais pour l' homme, ce n'était que supplice. Il vivait misérable, se nourrissant de baies, de fruits, de racines et parfois de gibiers pris au collet.

En cette journée du 24 décembre, le seigneur traversa la région, à la recherche de son destin. Arrivé aux abords de l' abbaye de Soleimont, l' homme y entra, et se recueillit silencieusement. Là, il pria Dieu afin qu'il le protège et lui permette d' accomplir des actions de bienfaisances. A peine fut-il sorti du lieu Saint qu'il eut le coeur gros de voir une petite vieille qui portait ses fagots de bois. Cette femme était dans le besoin, et par ailleurs, inscrite à la Table des pauvres, afin de recevoir une assistance. Finalement, il l' aida à transporter son fardeau pour traverser le ri proche de sa modeste maison.

Le temps ne s'améliorait pas. Que du contraire, il faisait exécrable. Un vent terrible chassait la neige par tombereaux.

L'homme errait sans savoir où se réfugier. Sans connaître sa destination, il continuait la traversée du bois de Soleimont, et se dirigeait vers le village actuel de Ransart. Le nom de celui-ci venant peut-être de la forme francisée d '"Ronsaut ", déformation d' "el rond d' saules ". Le centre du village étant construit près d' un étang bordé de saules. Ce nom devenant par contraction " El Ronsaut ".

Soudain, l' homme entendit un cri affreux. Un loup affamé venait de mordre un enfant revenant de chez son grand-père.

L'adulte empoigna un bâton et s'approcha en criant. L'animal prit peur et s'enfuit. Le sauveteur providentiel vit alors l' horrible blessure de ce petit corps pantelant. Un morceau de la cuisse était manquant.

Il gelait à pierre fendre, et la douleur aidant, l' enfant mourrait de froid. L'adulte retira sa veste, et la plaça sur les épaules du gosse. Le sang coulait par longs jets, et contrastait avec la neige fraîche qui tombait encore et toujours.

L'homme s'arc-bouta, et à la force des poignets, hissa l' enfant sur son dos.

Mais de l' autre côté du village, les parents s'inquiétaient. Ils alertèrent les voisins. Ils partirent à la recherche de l' enfant. En vain d' ailleurs. Désespérés, ils revinrent.

Plus loin, l' homme arriva à la croisée de sentiers. L'enfant, juste avant de s'évanouir, lui avait expliqué le chemin à suivre pour se rendre à sa demeure.

Brusquement, le ciel se déroba sous les pieds du sauveteur : il venait d' accrocher une lourde pierre recouverte elle aussi d' un blanc manteau. Ils tombèrent tous les deux, et meurtri par sa blessure, l' enfant poussa un cri. Ils roulèrent, et la neige les enveloppa encore un peu plus.

- Qu'importent mes souffrances. Je dois continuer!

Sur le côté, le ruisseau de Soleimont tentait de se faufiler parmi les glaces. L'homme balaya la neige d' un geste décidé, et se désaltéra. Ce geste lui redonna courage.

Alors que s'échappaient des odeurs de café, les adultes réchauffés se remirent à chercher. Les battues, conduites cette fois par des hommes en armes, continuaient sans résultat.

Le temps passait.

Là où se trouve actuellement la rue de la Station, enfin, ils retrouvèrent l' enfant et son sauveteur : le gros homme. Une fameuse couche de neige lui recouvrait tout le corps. Les parents le remercièrent en lui offrant l' hospitalité. L'enfant se tira d' affaire, et...

Par la suite, un bonhomme de neige apparut fin décembre dans les rues de Ransart. Celui-ci ressemblant étrangement comme deux gouttes d' eau à l' homme qui sauva l' enfant.

Deux années plus tard, il n'était plus seul. Une femme l' accompagnait. Ils se connurent dans d' étranges circonstances. La jeune fille s'était, un beau matin, aventurée dans la forêt. Elle se blessa en sautant par-dessus une grosse racine. Le destin fut de nouveau au rendez-vous. L'homme, flânant à proximité, l' aida à rentrer au logis. Depuis, ils ne se quittaient plus.

Le couple, oh combien sympathique, méritait de fonder une famille. Ils eurent deux enfants : d' abord un garçon, puis vint le tour d' une fille.

Le boulome Raspes, Raspounète, leurs deux rejetons Raspi et Raspo vécurent longtemps et furent tous quatre heureux.

Depuis, chaque année le 24 décembre, la famille au complet est fêtée par les parents et amis de l' enfant tiré des griffes du loup. Ils promènent les bonshommes de neige dans le quartier des Raspes, en distribuant aux villageois ébahis, friandises et boissons chaudes, sans doute afin de conjurer le mauvais sort. L'on chuchote même que le Père Noël en personne, se déplace pour... participer au cortège !

 


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


El cortédje des Raspes

 

Erfrin :

Dins l' coron, gn a d' l' animåcion

Et on dè pâle dedja bén lon.

Cand nos 'stons dins l' cortédje des Raspes

Pus rén å monde èn nos trècasse.

Dins l' coron, gn a d' l' animåcion,

Et les djins djouwnut l' djè a fond.

Dins les Raspes arive el Nowé :

In bon momint on va passer !

 

Les efants vont 's fé makiyer.

Sont tertous presses pou s' èdaler.

Vla k' el cortédje ess mete e tchmwin :

Les djins vennut did tous les cwins

Et l' ambiance cominche a monter;

A côp seur, dji pou vos l' assurer :

K' ça fuche les grands ou les efants,

I son-st evôye e triyanant.

 

Arivès ene miyete pus lon,

Nos sayons ene sacwè d' bon :

Ki ça fuche in bol di potâdje

Ou in vêre di vén k' on pârtâdje

Sins compter l' brotchète di pèchons

Ou l' chope di bîre ki nos buvons

Amon l' farmacyin ou l' librére,

Nos vla avou branmint d' espwêr.

 

El timp d' dire ouf et nos 'stons ddja la

A-z atraper l' flambo rola,

Pou nos rtrouver e compagniye

Des rwès mådjes et des djwèyeus driyes

Ki finiront pa s' ertrouver

Dins l' såle asto du Pére Nowé

Ki ratind pou distribuwer

In djouwet a ses protédjés.

 


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


Les djeyants del Ronsåt

In djoû, ene rafale di nîve

Rachoneut d' in côp d' bîje

Deus nouvias parwècyins

Vouwès a moru d' fwin.

C' est k' i s' weyît voltî

Nos deus boulomes insi :

Is n' savît pus s' kiter

I n' pinsént k' a s' inmer.

 

Erfrin :

Les djeyants del Ronsåt

El pèdnut di bén wôt :

Boulome Raspe di cate mètes,

Raspounète su roulètes.

Les djeyants del Ronsåt

El pèdnut di bén wôt :

Foclore va onorer

Sins ratna el Nowé.

 

Cand ariva l' bia timp,

L' ome ratcha dins ses mwins :

Des efants arivît

C' esteut la leu dézir.

 E sadjesse, les efants

Dins l' coron s' pourmwinnant

Vnît a doner leu no :

Raspi eyet Raspo


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


Gn a del nîve

 

Di l' estwelî, el blanc nos vént,

Et radmint on choûte el radio.

Ene boune coutche arive a claper :

Trop tård pou daler å resto.

Echène, les efants son-st eureus

Les vla ki cournut tot firlant

E wèyant l' blanke couverte ki tcheut

Pou cachî d' yesse prumî padvant.

 

Erfrin :

Gn a del nîve, gn a del nîve

I fét blanc dsu l' vôye.

 

A ! rén ki des belès souvnances

Dji n' dimande k' a rvîr les imådjes

Atout m' dijant k' a l' astcheyance

L' natûre a in bel ebalâdje.

Mins cand dji sondje ås viyès djins

Dji m' di k' e reflechissant bén

K' i duvnut dmeurer dins leu cwin

Fåreut ene sakî pou s' d ocuper.

 

å rfrin

Wétèz k' el nîve a djoké d' tchére

Dji n' eva nén m' raculoter,

Mins bén profiter di prinde l' ér

Pou-z admirer no blanke biaté.

Di l' estwelî, el blanc nos vént.

Di l' estwelî, el blanc nos vént.

å rfrin


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


Les amis del Grand Place.

 

El djoû divant l' Nowé,

I voulnut s' rachoner

Timpe di l' après-dinner

El buvete, fåt l' monter :

El vén tchôd cour dedja

Les djins des Raspes sont la.

I sont presses pou l' depart

Du cortédje et del fanfare.

 

L' ancyin ôtel di vile

Erwéte ki drwèt ça file,

Li k' a tnu si lontimp

El gouria du patlin.

C' est seur ki dè s' wôteus

I n' fra nén l' mårgougneu

E weyant toutes les djins

Acourus pa tous les timps.

 

On met l' feu åzès cwades,

L' feu d' årtifice esclate :

Presses a brotchî d' leu bwesse

Pou k' les djins fuchnuche al fiesse,

Vla in moncha d' estwèles

Spitant tertoutes di pus bele

Et leyant l' estwèlî

Di toutes couleurs, flori.

 

Erfrin :

Ås amis del Grand Place :

Vos srez seur les bénvnus

Vènez dé nous e masse

Pou bwêre in côp la dsu.

Les amis del Grand place

Vos donnut leu raploû;

Vènez dé nous e masse

On djipra intrè vous.


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


Nowé pou deus måjos

Noël pour deux maisons

L' istwêre ess passe al Ronsåt, al fén d' l' anéye, åzès coutoûs du mitan du mwès d' decimbe.

L'histoire se passe à Ransart. Nous sommes en fin d' année.

El vilâdje esteut påjêre. El viespréye vèneut d' tchére et s' estindeut dissu les tchmwins. Rola, al coupete del vôye, deus måjos ess dressît bén astampéyes, yene asto d' l' ôte.

Le village est calme. La soirée tombait, et là, sur le haut de la route, deux maisons identiques respiraient le bonheur.

Les djins del cene di drwete avît arindji leu dvanteure avou toutes sôtes di biesses, tertoutes ås pus djoliyes. Dins l' sapén, i avît metu des boules et des lampes di totes sôtes di couleurs, ki, in côp aluméyes, donît del djwè å keur del måjo.

Les habitants de celle de droite avaient décoré leur devanture avec des animaux sortis en droite ligne des studios Walt Disney. Dans le sapin, ils avaient placé des boules de toutes couleurs, qui une fois illuminées, donnaient de la joie au coeur de la maison.

El cassine d' a costè, ki rcheneut come ene cheur a s' vijene, n' aveut pont d' decoråcions, leye : les deus vîyès djins ki dmerît la estît pinsionès, et n' avît wêre di liårds. Bén seur nén pou-z achter des cacayes di Nowé.

La demeure voisine ressemblait comme deux gouttes d' eau à la première... Mise à part qu'elle n'était pas décorée! Les deux personnes vivant là, étaient pensionnées, et ne possédaient que peu d' argent pour vivre. Certainement pas pour acheter des futilités de ce genre.

Ess djoû la, el måjo d' drwete etindeut chuchloter. On lyi dizeut e sn oraye, - ene vwes diskindeuwe pal tchiminéye -.

Ce soir-là, la maison de droite entendit chuchoter. On lui parlait à son oreille, - une voix descendait de la cheminée.

- Vos nn avez del tchance, vous, d' awè toutes ces lumrotes la ki vennut vos raguéyi a l' viespréye !

- Quelle chance vous avez! Toutes ces petites ampoules venant égayer la soirée!

Toute esbaréye, ele respondeut a l' vwès :

Etonnée, elle répliqua :

C' est l' vré. Tous lz ans, a c' momint ci, dji m' sin toute noûve : dji prind en ér di fiesse.

- C'est exact. Tous les-ans, à pareille époque, je me sens revivre : je prends un air de fête!

El måjo d' drwete s' aveut bén rindu compte ki c' esteut l' måjo vijene ki lî dvizeut, maleureuse, paski ses djins n' avît pont di liârds, et k' pou yeuss, el viye n' esteut nén fôrt åjiye.

La maison de droite, se rendait compte que l' habitation voisine lui parlait. Celle-ci était malheureuse. Ses propriétaires semblaient dans le besoin, et la vie n'était guère facile pour eux.

El pôve måjo aveut l' keur gros. Ele n' ôzeut minme pus dvizer a s' vijene.

La maisonnette avait bien du chagrin. Elle n'osait même plus adresser la parole à celle qui...

" Dji m' sin toute nuwe ! " pinseut ele.

" Je me sens toute nue! " pensait-elle.

I tcheyeut del nîve. Des tchandeles di glace diskindît du twet del pôve måjo mérnuwe. A té pwint k' on aveut dins l' idéye, e passant dvant leye, k' ele breyeut !

Alors que les habitants dormaient, la neige se mit à tomber. Le froid aussi arriva.

Peu après, recouvrant la pauvre maison, des blocs de glace glissèrent du toit : il était facile d' imaginer les sanglots!

Par la suite, des chandelles de glace descendirent. A tel point qu'en passant devant, on eut l' idée qu'elle pleurait.

El ledmwin matin, les djins des deus måjos brouchtît l' nîve ki rascouvreut leus trotwêrs.

Le lendemain matin, les gens des deux maisons brossèrent leur trottoir.

Hé Djan, di-st i l' ome del måjo d' drwete, vos vlèz sacantès boules? No fiye enn a co rapôrtè ayêr. Et des guirlandes etou, gn a pattavå l' måjo !

- Hé Jean! interpella l' homme de la maison de droite. " Veux-tu quelques boules et décorations diverses? Notre fille nous en a apporté des neuves hier. La maison est déjà remplie de mille et une guirlande!

" Dji vou bén ! " a respondu l' ôte, anoyeus.

" Je, je veux bien! " répondit l' autre, tristement.

Ene demiye eure pus tård, il atatcheut les guirlandes åzès feniesses, et i daleut minme ké l' vî sapén stitchi å guernî, pou l' gårni avou les boules.

Une demie heure plus tard, il plaçait les guirlandes aux fenêtres. Il monta ensuite au grenier, pour en descendre avec le vieux sapin, qu'il garnit avec les boules.

El gnût chûvante, les deus måjos estît toutes djweyeuses. Mins gn a yene ki l' esteut branmint dpus. Elle a chuflè a l' oraye di l' ôte :

La nuit suivante, les deux maisons resplendissaient de bonheur. Pourtant, l' une d' entre elle était encore plus joyeuse. Elle a même soufflé à l' oreille de l' autre :

Cweski ça pout fé, si dj' end é nén ostant k' vous ? Wétèz come dji seu bele. Wétèz come mes decoråcions brotchnut ås îs des djins ki pasnut. Wétèz come dji rglati avou toutes mes belès couleurs. Wétèz come dji seu-st eureuse. Wétèz come...

- Je n'en n'ai peut-être pas autant que vous. Mais regardez comme je suis belle. Regardez comme mes décorations scintillent aux yeux des gens qui passent. Regardez comme je brille de mille couleurs. Regardez comme je suis heureuse. Regardez comme...

Eyet l' pètite måjo s' a edôrmu...

Et la petite maison s'endormit...


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


El boulome di nîve

Le bonhomme de neige

I feyeut frèd. On esteut å mitan du mwès d' mârs. I tcheyeut del nîve dispû ene boune samwene. El semdi après dinner, deus djonnes gaviots avît decidè d' fé in boulome di nîve.

Dehors, il faisait froid. Nous étions à la mi-mars, et la neige tombait depuis une bonne semaine. Le samedi après midi, deux jeunes gavroches avaient décidé de fabriquer un bonhomme de neige.

Et c' est bén botès, avou des gros solés, deus péres di tchåssetes, un djilet, ene echârpe, in passe montagne, et des grossès moufes, ki nos deus ârsoûyes son-st evôyes a l' uch.

Et c'est bien habillés avec de grosses chaussures, une double paire de chaussettes, un pull, une écharpe, un passe-montagne et des grosses moufles que nos deux arsouilles se mirent au travail.

Mågré leu djonne âdje : cénk et set ans, les deus fréres cominchnut a rouler ene boule, branmint pus grosse ki yeuss.

Malgré leur jeune âge : cinq et sept ans, les deux frères commencèrent à rouler une boule, qui devint rapidement plus grosse qu'eux.

El boule finiye, i s' ermetnut a dè fé ene deujinme, k' il a falu stitchî ådzeu d' l' ôte. Pou çoula, in côp d' mwin d' maman n' aveut pont fét d' tôrt.

La boule terminée, ils se mirent de suite à en attaquer une deuxième, qu'il fallait ensuite placer au-dessus de l' autre. Pour cela, un coup de main fut requis : maman arriva à la rescousse.

El pus deur esteut fét. Mins i avît co dandjî d' leu mére. On n' pleut l' leyî insi, faleut l' abiyî. Ttossi râde dit, ttossi râde fét : in vî tchapia du grand-pére dissu l' tiesse, k' a stî féte leye, avou ene carote pou l' néz, des gayetes pou les îs, et des boukets d' pétråles pou les orayes. Gn aveut etou des boutons ttåddilong dè s' boudene, des boukets d' plantches avou des viyès moufes pou les bras. Et il esteut fini.

Ouf! Le plus dur était fait. Néanmoins, la présence de maman s'avéra encore nécessaire. On ne pouvait le laisser ainsi dépouillé, le pauvre. Il fallait l' habiller... Aussitôt dit, aussitôt fait : on lui jeta un vieux chapeau du grand-père sur la tête, réalisée elle-même, avec une carotte pour le nez, des morceaux de charbon pour les yeux et des demi-tranches de betterave pour les oreilles. Ils ajoutèrent aussi des boutons le long de la grosse boule, des morceaux de planches avec de vieilles moufles pour les bras, et il était enfin terminé, leur bonhomme de neige.

Mins k' il esteut bia ! Les gamins d estît fiêrs. Djusk' a çk' i cominche a disdjaler, ene samwene pus tård.

Mais qu'il était beau! Ah, les gamins pouvaient en être fiers! Oui, ... jusqu'à ce qu'il ne commence à dégeler une semaine plus tard.

Les deus gamins n' savît cwè fé padvant leu boulome di nîve : çtici comincheut ddja a suwer des goutes come des ptits pwès. I daleut fonde! On n' pleut l' leyî insi !

Dès l' annonce entendue au service météorologique, les enfants ne surent plus que faire, là, démoralisés, devant leur bonhomme de neige. Celui-ci commençait déjà à suer des gouttes grosses comme des petits pois. Il allait fondre. On ne pouvait le laisser ainsi.

El vijin arive a c' momint la. I vindeut des fridjidéres et des grandès ârmwêres ås boutchîs et ås grands boutikes. Weyant lz efants padvant l' boulome, i splike ås parints :

Peu après, le voisin arriva. Il vendait des frigos et des congélateurs aux grandes surfaces. Voyant les enfants, désoeuvrés devant leur bonhomme, il appela les parents.

- I sont vnus dire arvwêr a leu boulome di nîve, dèvant d' daler coûtchî.

- Je les ai vus venir faire des adieux à leur bonhomme de neige, juste avant d' aller se coucher!

- Come i rligne, dimwin, gn åra pus rén, réspond l' maman, maleureuse leye etou, d' les vîr come i estît.

- Comme il dégèle, demain, il n'y paraîtra plus ! répondit la maman, malheureuse elle aussi, de les découvrir dans un tel état.

El vijin rindeut voltî service. Cand, tout d' in côp, i sondje a ene accion ki lî freut del publicitè, pou vinde pus åjiymint ses frigos. Il aveut rola ene idéye du tonwêre !

Le voisin aimait rendre service. Tout à coup, l' idée lui vint. L'homme songea à une publicité afin de vendre son matériel.

Cand les efants ont stî montès coûtchî, el vijin s' a metu a bouter avou l' pére : i faleut transpôrter l' boulome pou l' estitchî dins ene grande årmwêre-frigo.

Quand les enfants furent endormis, le voisin se mit à l' ouvrage, en compagnie du père. Il fallait transporter le bonhomme de neige pour le placer en sécurité dans une grande armoire frigorifique.

- Cand l' esté sra vnu, dj' amwinnré les fotografes. Dji fré del publicitè avou l' boulome di nîve !

" Quand l' été sera venu, j'inviterais des photographes, et je ferais de la publicité avec le bonhomme! " ajouta le voisin.

 

El ledmwin matin, pupont d' nîve. Mins les parints ont apougni leus efants et lz ont mwinnè a costè, mon l' vijin.

Le lendemain matin, la neige avait disparu. Mais les parents prièrent les enfants de se rendre dans la maison voisine.

Les deus gamins estît binåjes. Durant tout l' esté, is ont yeu l' ocåzion d' daler rinde vizite a leu boulome...bén å frèd dins l' frigo. Co mia : el bon timp bén avanci, is ont veyu leu boulome di nîve dins l' gazete. Adon, is ont radmint discôpè l' foto, pou l' moustrer leu èro a tous leus copins...

Là, les deux petits bouts de chou furent émerveillés. Durant toute la bonne saison, ils eurent l' occasion de rendre visite à leur bonhomme...bien au froid dans le frigo. Mieux encore, l' été bien avancé, ils ont vu leur bonhomme de neige apparaître dans les journaux et folders publicitaires. Les enfants découpèrent même la photo afin de la montrer à leurs copains de classe...

C' esteut leu boulome di nîve !

Et oui, c'était ... leur bonhomme de neige.


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


El nîve

Cand tout douçmint nos rvént l' iviêr,

El nîve, leye etou, est dins l' ér.

Est c' ene sacwè d' bia ou d' mwé ?

C' e-st ene sacwè a nos pôzer.

Cand l' nîve, di l' iviêr, on nd a pont,

I fåt k' on evâye vîr å lon.

Et cand i gn a dins no payi,

On dmande râde : " C' n' est nén co fini ? "

Weyèz in côp les payizâdjes

Ki ça fuche les bos, les vilâdjes,

Tertouss ont leus blankès couleurs;

Gn a k' les mouchons k' ont mwins d' ardeur

Pou yeuss, gn a wêre a mindjî,

Et i fåt cachî d' s' arindjî.

On direut k' les âbes son-st a l' fiesse :

I sont tout blancs des pîs sk' al tiesse.

Les batias sont paralizès,

Les coûrs d' euwe son-st edjelès,

Insi k' el trafik di vweteures

Et di camions : pou yeuss, c' est deur.

I stitchnut du sé dsu les tchmwins,

Mins i fåt rcominchî souvint.

Des céns k' sont binåjes, c' est lz efants

Ki, avou leus parints padvant,

Sôrtnut achids dsu leu trinno

Ou tapnut des boules dins l' câro.

Is feynut etou des gliswêres

Mins sins s' ertrouver l' cu al têre.

Les grandès djins yeuss, c' est tout l' contrére :

I n' lyeu fåt nén rwéti e l' ér :

Is duvnut s' acrotchî a l' rampe

Sinon, i s' câssnut râde in mambe.

Les céns k' evont ås spôrts d' iviêr,

Çoula lyeu cousse toulminme fôrt tchêr :

Is vont dins nos belès Ardenes

Pou rouvyî leus treyins, leus pwènes;

Rola, i poulnut fé du ski.

Du spôrt, c' est bon pou n' nén grochi;

Co myeu, vos respirez l' boun ér

Ca fra surmint pus d' bén k' al mér.
L' nîve, c' n est nén k' des dezagrémints,

Ca pout nos doner d' l' amuzmint,

Et i n' fåt nén viersî des larmes

Paski toute sézon a ses charmes !


Jean GOFFART, divin: Noël de fin de siècle chez nous.


CD : " Noël de fin de siècle chez nous "

Posséder un compact réunissant une panoplie d' artistes comme Claudine Mahy, Jany Paquay, Annie Loris, Marc Keizer, Marc Parmentier, Roger Hubert, Dino Forlane, Jean Goffart, Claude Cantillon et le Cercle et théâtre Wallon de Ransart, Pascal Heringer, Bernard Perpete, Marc Keizer, Ghislain Nicolas et les Pensamis, ainsi que le célèbre Pierre Bellemare, sans oublier des musiciens tels que Jacques Scourneau et Jean-Pierre Dupuis, est tout bonnement fabuleux.

L'actif Comité d' Animation des Raspes, quartier de Ransart, s'est engagé à réaliser cette gageure. En un coup de baguette magique, ces artistes se sont réunis pour nous interpréter tantôt une chanson, tantôt un conte, voire même une poésie, parfois en Wallon, parfois en Français. Pour leur part, les chansons sillonnent les sentiers de la balade mais également du rock n' roll, en passant par la country, la samba ou la barcarolle. En résumé, bien des styles différents se côtoient. Voilà donc un menu bien rempli, qui plus est, est un produit " made in amon nos-autes ". Il est à signaler que tous les textes de ce CD ont été écrits par Jean GOFFART.

Vous pouvez vous procurer ce superbe CD en téléphonant au 071/35 94 32 ou en versant 499 Frs (+ frais de port) sur le compte n° 001 3150421 34 du Comité d' Animation des Raspes.


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Edition en ligne explicitement autorisée par l'auteur.