La page de Jean-Claude Somja.

Li pådje Djan-Clode Somdjan.

Dressêye:

 


Li credo des Djonnès Tchambes economikes

 Lu mission del Djône Tchambe Internationale c' est d' ovrer a fé tot s' possibe po-z ariver a on monde wisku fêt mèyeu dè viker.

Po çoula, elle aprind ås djônes a s' kidûre, a miner lz ôtes, a prinde so zels-minmes èt a s' êdî onk l' ôte, po k' al fén dè compte arrivesse a fé les mèyeus candjmints.

 


Jean-Claude Somja, 1966, divins: Histoire d'eau, brochure de la Jeune Chambre économique de Spa, page de couverture


Humour noir et vérités sur la médecine traditionnelle

Les rmédes du dvinltimp

 

Må d' cô.

So ene clicote, sutinde ene trintche du crås lård; cuhètchî del rawe sol lård, plaker totafêt conte lu hatrê èt nokî l' clicote duvant d' aler dwèrmi. Lu lèdmin, vos èstez rwèri.

Sur un chiffon, étendre une tranche de lard gras, hacher finement de la rue (plante médicinale) sur le lard, appliquer le tout contre le cou et nouer le chiffon avant d'aller dormir. Le lendemain, vous êtes guéri.

Må d' orèye.

Prinde ene foye du jèraniyom, lu cafougnî èt l' tchôkî è trô d' l' orèye. Målureuzmint, ça n' chèrvirè a rén po les bouflètes.

Po les stitchî, hèrez on deut è voste orèye (avou tote lu min ça n' va nén), russètchî nnè on pô d' crotin (d' orèye) èt stårez l' wisku ça pice.

Prendre une feuille de géranium, la chiffonner, et la fourrer dans le trou de l'oreille. C'est malheureusement inefficace pour les oreillons.

Pour la faire pénétrer facilement, fourrez-vous un doigt dans l'oreille (et non pas toute la main), extrayez-en un peu de cérumen, et épandez-le aux endroits où ça coince.

Må d' dints

Mahez dè språtchî pièrzin avou dè sé; clapez totafêt è l' orèye dè costé dè dint ki v' fêt-st arèdjî.

Mélangez du persil écrasé avec du sel; appliquez le tout dans l'oreille du côté de la dent qui vous fait mal. (Grammaire : dint est masculin : dè costé dint)

 


Djan-Clôde Somja, racoûrti del sîze: " Les rmédes di dvins l' tins ", Spå, 1996 (måy aplêdè / inédit).


L' accint di Spå.

Accent de Spa : foye, poye, guèyole se disent faye, paye, guèyale; ene se dit ëne; å se dit â (mâ d' dints), parfois an (sprantchî); én se prononce dénasalisé (bé, né, ré, i dvét).

én est dénasalisé (é): fé

Grammaire : constatez sur ce petit texte deux cas de suppression du pronom sujet 3e personne: wisku (i) fêt; po k' (il) arivesse.


 Les Wallons pris au piège de la communauté française

 Introduction

Depuis 1993, l'article premier de la Constitution belge stipule que " la Belgique est un Etat fédéral qui se compose des Communautés et des Régions ". Cette fédéralisation a conduit à la mise en place d'un double découpage linguistique et culturel d'une part (Communautés) et géographique et économique (Régions) d'autre part. Depuis lors, les Régions et Communautés du pays gèrent certaines matières gouvernementales autrefois dévolues à l'Etat ex-national. Cette évolution se veut l'aboutissement de différences de vue sans cesse croissantes entre les Wallons, Bruxellois et Flamands.

Si les Communautés et Régions possèdent maintenant un véritable pouvoir de décision encore faut-il qu'elles s'en servent opportunément et qu'elles puissent fonctionner avec le maximum d'efficacité. Or, depuis la fédéralisation et jusqu'à présent, seule la Flandre semble profiter pleinement des nouvelles Institutions et la Wallonie paraît bien atone face à cette Flandre rayonnante et conquérante.

Il faut bien constater, malgré toutes ses potentialités, le manque de vigueur de la Wallonie qui s'explique en partie par sa faiblesse institutionnelle actuelle. Y avoir maintenu deux pouvoirs gouvernementaux à savoir la Région Wallonne et la Communauté française est source d'affaiblissement.

Alors que la Flandre unifiait sa Région et sa Communauté, les Francophones optèrent pour la conservation de cette préjudiciable bicéphalité que le présent exposé s'attachera à démontrer ultérieurement. Signalons cependant d'emblée que la conséquence la plus fâcheuse en est le ralentissement considérable du processus identitaire en cours en Wallonie. Une région qui veut et doit redécouvrir ses racines, reconnaître ses potentialités actuelles et proposer un projet culturel d'avenir cohérent sur lequel reposera notamment sa politique économique ne peut agir que si elle est soutenue par toutes les composantes du pouvoir. Or la Communauté française bloque toute démarche en ce sens par la négation culturelle des Wallons et par la crainte non fondée d'une désolidarisation des Wallons et des Bruxellois.

En sachant que la rédéfinition de la Wallonie, prélude au redéploiement wallon, est impérative et urgente si nous voulons conserver notre originalité wallonne, redynamiser les Wallons en leur rendant un sentiment de fierté légitime et nous faire reconnaître sur le plan national et international, le lecteur comprendra mieux l'enjeu et la nécessité d'une clarification institutionnelle en Wallonie et à Bruxelles.

Comment en est-on arrivé à la fédéralisation?

Lorsque le Royaume de Belgique fut fondé en 1830 peu d'éléments jouaient en faveur de son unité et de sa viabilité. Deux peuples Wallons et Flamands, différents par les traditions et l'usage des langues (les dialectes flamands au Nord et les dialectes wallons au Sud) sont alors réunis. Le jeune Etat n'a pas d'histoire, c'est un pays artificiel, une création purement diplomatique et politique. Qu'à cela ne tienne, les gouvernants d'alors, recrutés parmi la bourgeoisie francophone élaboreront pour la circonstance une stratégie visant à développer un sentiment national " belge ".

Premièrement, il fallait que les " Belges " parlent une même langue : la Belgique sera francophone. Le français étant à l'époque une langue de culture et de commerce à travers l'Europe et en Belgique, langue de distinction sociale pour les classes dirigeantes de Flandre et de Wallonie. Cette francisation était peut-être aussi une manière de se démarquer de la politique de l'ancien occupant hollandais, lequel s'était mis en tête d'unifier linguistiquement ses possessions " belges " par l'usage obligatoire du néerlandais dans l'ensemble des administrations et cours de justice. On imposa alors cette langue étrangère et les tenants du pouvoir s'appliquèrent au cours des ans à gommer les cultures régionales principalement en éradiquant les dialectes flamands et wallons. Remarquons au passage la distinction qu'il y a lieu d'opérer ici entre un Francophone et un Wallon : à l'origine de la Belgique, un Francophone est un bourgeois tant Flamand que Wallon qui s'exprime en langue française. Dans sa très grande majorité, le peuple wallon ne s'exprimait pas en français mais en wallon. La francisation massive de la population wallonne ne se fera que plus tard avec l'introduction de l'instruction obligatoire en français et l'apparition de la radio-télévision francophone qui menace grandement la tradition orale dialectale. Cette volonté d'unification par la langue est le prélude à la question linguistique.

Deuxièmement, le Roi et la famille royale devinrent les garants de l'"invicible " unité nationale chantée par la Brabançonne. A l'appui de cette idéologie fut mise sur pied toute une mythologie fleurant bon l'image d'Epinal et nous faisans découvrir le Roi-Fondateur, le Roi-Bâtisseur, le Roi-Chevalier et même peut-être aurons-nous un jour un Roi-Canonisé. Les " Belges " étaient (et sont toujours) censés s'esbaudir devant les faits et gestes de cette grande famille oeuvrant pour le bien de la Belgique et nous communiquant, héréditairement de surcroît, les grandes valeurs morales. Etonnamment, un monarque d'origine étrangère devint le prototype du " Belge ", ce qui donne une assez bonne idée de l'opinion que l'on se faisait à l'époque quant à la nationalité " belge ".

Troisièmement la Belgique était bien ancrée au monde catholique et devait le rester face à des voisins hollandais et allemands plutôt enclin au protestantisme. Les " Belges " fut catalogués comme catholiques. On fit ainsi peu de cas du particularisme principautaire liégeois, lequel avait soutenu ardemment la Révolution française anticléricale. Le clergé catholique joua un rôle assez ambigu. Alors que sous l'occupation hollandaise, il compta beaucoup sur la fragmentation des dialectes flamands et wallons comme frein au protestantisme véhiculé par le néerlandais standardisé et imposé à toute la population, après la Révolution " belge ", il continua à soutenir les revendications culturelles du " bon peuple flamand ", viscéralement catholique mais tempéra les ardeurs régionalistes wallonnes en usant de tout son poids moral à une époque où l'excommunication et l'anathème jouaient à plein leur rôle d'exclusion sociale et où le salut des âmes rimait avec obéissance aveugle à la hiérarchie cléricale. Il fallait favoriser une Flandre catholique au détriment d'une Wallonie trop rouge. Les jalons du clivage religieux de la société " belge " furent ainsi posés.

Enfin et quatrièmement, l'histoire se mit au service des gouvernants et les historiens se chargèrent tantôt de découvrir " l'âme belge " ou encore une histoire commune à deux peuples différents. L'historien qui servit le mieux la cause de la belgicisation effrénée fut sans conteste Henri Pirenne, verviétois, professeur d'université à Gand, qui rédigea une Histoire de Belgique qui sévit encore de nos jours dans l'enseignement en Wallonie.

Pirenne axa l'histoire de Belgique sur la Flandre qui selon ses dires était dès le Moyen Age, le microcosme de la Belgique en devenir. A ses yeux, l'avenir de la Belgique reposait sur la Flandre et la bataille des Eperons d'Or de 1302 (d'ailleurs remportée grâce au précieux concours des Namurois), revêtait une importance capitale. Quant à la Principauté de Liège, dont les possessions englobèrent à son apogée plus du tiers de la superficie du territoire belge actuel (et plus de la moitié de la Wallonie) et qui rayonna culturellement au Moyen Age à tel point que Liège fut qualifiée de mère nourricière des hautes études, fleur des Gaules et source de sagesse, elle tient un rôle extrêmement confidentiel dans cette histoire, ce qui est somme toute logique puisque la création de la Belgique était censée s'appuyer sur les Etats Bourguignons ennemis jurés des Liégeois.

Ce dévoiement de l'histoire servit la Flandre qui dorénavant put se donner une légitimité historique et désservit les Wallons qui doivent aujourd'hui encore se contenter de croire qu'ils n'ont pas d'histoire.

Si la mayonnaise unitariste prend elle est cependant assez vite confrontée au refus des Flamands d'être assimilé à la francophonie et aux revendications en matière culturelle qui s'ensuivirent. En 1839 naît le Mouvement Flamand et en 1873 sont votées les premières lois linguistiques qui préluderont à la reconnaissance progressive de la langue néerlandaise. On peut se poser la question de savoir pourquoi un tel mouvement linguistique n'a pas vu le jour en Wallonie. Peut-être y a-t-il et ce n'est ici qu'une hypothèse, deux raisons principales. Jusqu'au début du XXème siècle, à la différence de la Flandre, la Wallonie a connu une industrialisation accélérée et la mainmise de la bourgeoise capitaliste francophone sur une population urbaine déracinée eut sûrement une influence. D'autre part, les Wallons étaient moins hostiles à la culture française que les Flamands pour qui cette dernière a toujours représenté un danger.

Les signes de reconnaissance de l'identité wallonne n'ont donc pas été linguistiques. Et c'est là un paradoxe. Alors que la langue wallonne connaît au début du siècle une formidable vivacité attestée par les Sociétés Littéraires Wallonnes, le théâtre en wallon et le foisonnement des publications dialectales, les Wallons manipulés par les Francophones s'égarent et prennent la défense de la Belgique unitaire et francophone face aux Flamands. Le Wallon est belgicisé et c'est à partir de ce moment que la distinction entre le Francophone et le Wallon devient malaisée.

Le mouvement flamand a vocation essentiellement culturelle se heurte sans cesse à un bloc Francophone prônant l'unilinguisme.

De leur côté, les Wallons furent au cours de l'histoire de Belgique essentiellement préoccupés par des problèmes identitaires, et nous avons vu comment ils ont été savamment muselés dans ce domaine, et par les difficultés sociales. La belgique ne l'oublions pas, fut le deuxième pays le plus industrialisé au monde. Si les premiers syndicats virent le jour en Flandre, celle-ci resta assez rurale face à une Wallonie voyant apparaître un prolétariat de masse toujours plus nombreux travaillant dans les charbonnages, la métallurgie, les verreries, l'armement et l'industrie textile.. Les conflits sociaux furent inévitables et les Wallons instaurèrent finalement un modèle de sécurité sociale performant. Cette histoire sociale se reflète de nos jours par les divergences politiques au Nord et au Sud du pays.

La volonté d'affirmation d'une nation " belge " a finalement engendré des différends d'ordre linguistiques, religieux, historiques, sociaux et politiques.

 Cette belgicisation forcée, c-a-d l'affirmation d'une belgitude par assimilation des peuples flamand et wallon se répercute de nos jours d'une façon totalement différente selon que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de la frontière linguistique.

En reconnaissant les Flamands comme entité historique et en niant maladroitement leur langue elle a encouragé leur résistance culturelle et un certain esprit de revanche ce qui débouche de nos jours sur l' affirmation d'une Flandre indépendante.

Par contre, les Wallons qui travaillèrent de pied ferme à l'enrichissement de la Belgique se sentent les bannis de l'histoire. De plus, n'ayant jamais pu se définir, ils éprouvent des difficultés à se situer dans la Belgique actuelle : sont-ils des " Belges ", des Francophones , des Wallons, des Français?.

En résumé, le succès de la rébellion flamande à clairement montré qu'un mouvement combattant pour la reconnaissance culturelle finit par développer une identité forte base du développement économique alors qu'un mouvement inspiré uniquement par des intérêts matériels et économiques ne mène à rien s'il n'est appuyé par aucune âme.

 

Le fédéralisme à la belge

En 1970, les constantes tensions communautaires amènent à une Réforme importante du fonctionnement des institutions. Les francophones et les néerlandophones souhaitaient disposer d'une plus large autonomie. Apparaissent alors les notions de Communauté culturelle et de Région.

Deux niveaux de pouvoir sont crées, à savoir, les Communautés et les Régions qui s'ajoutent aux niveaux traditionnels que sont l'Etat, les Provinces et les Communes.

Dans les faits, il faudra attendre quelques années pour les structures soient mises en place et disposent de réels pouvoirs.

En 1980 et 1988-89, la Constitution est à nouveau modifiée vers un renforcement des nouvelles institutions.

En 1993, la Belgique devient un Etat fédéral. Soulignons que certains observateurs de la vie politique belge y ont vu le prélude à l'éclatement de la Belgique. D'autres ont parlé de " fédéralisme de désunion " et de manoeuvres politiciennes en perdant de vue une donnée essentielle du problème : la fédéralisation n'a pas été voulue tant par le pouvoir politique que par les citoyens de chaque communauté désireux de marquer leurs différences culturelles. Peut-être sera-t-on gré un jour au politique d'avoir négocié ce cap difficile en maintenant la paix dans le pays.

D'emblée, par souci d'efficacité, les Flamands unifient leur Région avec leur Communauté.

Les Wallons et Bruxellois conservent 2 niveaux de pouvoir dont une Communauté française agissant pour le compte des 2 Régions.

Pour rappel, la Région wallonne gère certaines matières relatives à l'économie (Agence Wallonne pour l'Exportation, aides aux PME...), au tourisme, au patrimoine, à l'aménagement du territoire, à l'équipement et aux transports, à l'emploi, à la recherche, à l'action sociale, à l'environnement, à l'agriculture et aux relations internationales.

Quant à la Communauté française elle s'occupe de culture, d'audiovisuel, d'enseignement, d'aide à la jeunesse et l'enfance, d'éducation sanitaire, de recherche scientifique à caractère fondamental, de sport.

La Région wallonne traite donc tout ce qui est relatif à l'économique, au technique, au social, à l'environnemental et remplit correctement le rôle qui lui est assigné. La Communauté se charge de la création, de l'expression des citoyens de notre région et présente d'évidentes lacunes.

Les arguments du maintien de la Communauté française

La Communauté française se veut la fédératrice des Francophones de Wallonie et de Bruxelles.

" L'avenir est à la solidarité et non au chacun pour soi ", " imagine-t-on que les Francophones de Wallonie et de Bruxelles seront plus forts en se séparant ", " la Communauté donne le bon exemple. Elle apporte la preuve que des Francophones vivant dans deux Régions différentes peuvent mener à bien, ensemble, de nombreux projets concrets. La Communauté représente le meilleur rempart possible contre les réflexes égoïstes et le chacun pour soi prôné par tous les nationalistes ". Tel est le crédo des publications officielles de la Communauté française.

Le langage des rattachistes se veut moins nuancé : " il n'y a pas de culture wallonne pas plus qu'il n'y a de culture bourguignonne ou auvergnate ", il n'y a donc pas matière à reconnaître une Communauté wallonne propre.

Chez les politiques on note : " Seule une Communauté française revalorisée peut fonder une véritable union entre Bruxelles et la Wallonie ".

Thèse anti-Communauté française

On le voit les arguments de la Communauté française sont d'une part la francophonie unificatrice des Wallons et des Bruxellois et d'autre part la solidarité des Francophones face aux revendications flamandes et à leur supériorité numérique, économique et institutionnelle, discours émaillé de ci de là de certaines considérations sentimentales. Ne pas se séparer pour le plaisir de ne pas être égoïste, ou encore le fameux repli sur soi des Wallons en matière culturelle alors que la même démarche en Flandre est gratifiée de mouvement d'affirmation flamande.

Vu sous cet angle, la spécifité wallonne est une seconde fois niée puisque la Communauté ne représente ainsi qu'une arme politique au service des francophones et donc qu'indirectement les Wallons n'existent que face à une adversité flamande. En dehors du contexte de conflit communautaire, le Wallon n'aurait donc aucune existence.

En filigrane transparaît aussi la peur de la Communauté de voir émerger un "nationalisme " wallon.. L'amalgame est en effet aisé à faire entre les partisans des valeurs régionales et les nationalismes renaissant en Europe de l'Est. Personne ne s'interroge pourtant sur les conditions d'apparition des excès commis à l'Est au nom de l'identité  des groupes ethniques ou culturels. Peut-être est-ce parce que la réponse servirait de contre-argument. Il est en effet évident que toute minorité muselée, dont les droits à la différence sont niés, est vouée à disparaître sauf à s'exprimer malheureusement et en dernier recours d'une manière violente. Ceci est une constatation et non l'apologie de ce moyen d'action.

Quant au postulat que la langue française constituerait l'élément principal de la culture en Belgique romane, il s'agit d'une erreur, pire d'un préjugé. S'il est vrai que la langue française rapproche des millions de personnes de par le monde, faut-il pour autant considérer un Québecois, un Parisien, un Breton ou un Corse comme ayant la même culture qu'un Wallon? La qualité de francophone ne suffit pas par elle-même à qualifier l'identité des Wallons. La Communauté impose une conception restrictivement linguistique de la culture et fournit par ailleurs ainsi des arguments au mouvement pour le rattachement à la France : si les Wallons n'ont rien qui les distinguent des Français, alors pourquoi ne pas simplement se laisser absorber par eux?

Cette absence d'une reconnaissance d'une spécifité culturelle wallonne est extrêmement handicapante pour la Wallonie car elle sabote toute la dynamique identitaire s'y développant actuellement. Prenons pour exemple la langue wallonne. Cette langue est encore actuellement pratiquée par un tiers des Wallons et accueille dans ses théâtres à peu près 300000 personnes par an soit plus que le théâtre en français en Wallonie. Elle n'a pourtant droit à aucune légitimité effective. La télévision belge francophone, malgré les protestations des milieux wallonophones, lui accorde royalement 1 à 2 heures par semaine. Le Conseil de la Communauté française a voté des décrets relatifs à l'étude des dialectes de Wallonie à l'école et un Conseil des Langues Régionales Endogènes a même été constitué pour veiller à la défense et au devenir de la langue wallonne. Tout cela relève bien sûr de la plus pure démagogie puisqu'à ce jour aucune école n'enseigne le wallon dans son programme officiel.

Conclusions

Le redressement wallon et l'émergence d'un culture volontariste en Wallonie sont intiment liés à la prise de conscience d'une identité wallonne. Pour soutenir cette démarche, les Wallons doivent pouvoir s'appuyer sur une institution culturelle fiable.

Il ne faut pas perdre de vue que Wallons et Bruxellois n'ont jamais pu se prononcer expressément sur l'opportunité et la forme de l'espace francophone. Il est temps de rouvrir le débat où reconfiguration et légitimation des Institutions seront portées par les citoyens de Wallonie et de Bruxelles.

Le fédéralisme est censé fixer des règles pour pouvoir continuer à vivre ensemble en respectant les différences de chacun. Eu égards à ce principe, la fédéralisation ratée peut encore être corrigée par le démantèlement de la Communauté française et le transfert de ses compétences vers la Région wallonne seule garante des intérêts wallons.

Ce remodelage mettra fin à la complexité institutionnelle source de conflit régionalo-communautaire qui lèse culturellement, politiquement et économiquement la Wallonie.

Pour sa part, le citoyen éprouvera moins de difficultés à s'identifier à un pouvoir politique.

Cette opération aura aussi pour effet de diminuer le coût de fonctionnement des institutions.

Enfin, nous y trouverons une crédibilité accrue face aux Instances Européennes lesquelles donneront à l'avenir toujours davantage la parole aux Régions d'Europe.

La mise sur pied d'un projet culturel wallon vu par des Wallons au service de la Wallonie pourra alors se développer sans entraves dans toute sa richesse et sa spécificité.


One Walon'reye sins ruk'nohance des Walons

E 1993, lu Bèljike s'a fèdèralisé. Duspôy adon, les Walons qui portant volî cisse fèdèralisation la, nu s' rutrovèt né tot ètîr è leû Walon'rèye. I sintèt bé d'vintrinnemint qu'one sacqwè n' toûne né rônd. Leû tèlèvûzion l'zî djâse è francès des Francofones du Bèljike èt des Flaminds mins né des Walons. Leû Comunôté est francèsse (?) né walone. L'acsègn'mint s' fêt è francès adon qui n a céquante ans dud chal, a pô près totes les djins pârlît è walon.

Adon quéne difèrince i n a-t i inte cisse Walon'rèye la èt l'Beljike du d'vant si nos n'estans né pus walon?

Tot tapant on côp d'oûy so l'istwére dèl Bèljike, on veût qu'a fwèce du s' cwèri misére, les Flaminds èt les Walons ont compris qu'a on moumint d'né, i faléve mète lu hola. Avît l' tchûze : ou s' bate ou pârti l'Bèljike ou s'atâvler po trover one pèce po mète so l' trô.

Pusk'on n' su poléve pus mète d'acwèrd po totes sôrs du rêzons, i valéve co mî sayî du fé chake du s' costé tot wârdant on Etat èssôle.

E 1970, après 140 ans d' margâyes comunôtêres, les politikîs dècidît du mète so pîd on Etat fèdèrâl. Cu fout one clapante îdèye pace quu ça n' poléve pus côtinouwer durer insi. Bé sûr par après ènn a qu'ont djâsé d' " fèdèralisâchon  du dèsunion " tot brèyant so les politikîs mins tot roûviant ossi qui n'aveut ré d'ôte a fé po v'ni foû du spèheûr. I m' sôle portant qu'on poreût co dire merci du viker è l' Beljike fèdèrâle pace quu sins çoula moutwè qu'on s'âreût bouhî ôk so l'ôte.

A tot l' minme falou rawarder l'annêye 93 po qu' tot l' cayon s'mètahe è plèce èt atakahe a roter.

Avou l' fèdèrâlisachon, l'Etat bèlje s'a côpé a bokèts inte treûs Régions (flaminde, brussèlwèse èt walone) èt treûs comunôtés (flaminde, al'mande èt francèsse).

Lès Régions d'vèt surtout s'ocuper du l'èconomike èt c'est tant mî po les Walons ca è l' Bèljike unitêre n's estîs tofêr hazi par les Flaminds qui sont pus' quu nos-ôtes.

Lu culturél, l'acsègn'mint èt les moyins d' comunicâtion côpètèt des Comunôtés.

Lès Flaminds âyît rade fêt du rassôler leû Région avou leû Comunôte po n' pus fé qu'on gouvèrnumint.

Lès Walons èt les Brussèlwès ont d'monou avou deûs pouvwèrs avou ôk por zèls deûs, ètindez lu Comunôté francèsse. Cest bé la qu' a-st on fiér qui clape. Deûs pouvwérs, c'est ôk du trop' èt deûs fèyes trop' s'i n' tchôkèt né a l'tchèrète vè l'minme dirèccion. Et l' ci qui fât maker djus, c'est l' Comunôté francèsse pace qu'èle dusfint les Francofones è l' plèce des Walons.

Et prumîr'mint poqwè avans-n' dreût a one Comunôte qu'on lome francèsse èt né walone?

C'est qui fât dîre quu, so les Walons dèl Comunôté, on-z a plaké l'ètikète du Francofones. Po les cis qu'ont èmantchîs l'afêre, les Walons n' polèt èsse quu d' culture francèsse tot séplumint pace qu'i d'vizèt è l' langue da Voltaire. Evôye lu manîre d'èsse, du viker, du tûzer dè peûpe walon. Evôye ses traditions, s'istwère, su langue walone tot çou qui fêt qu' nos n' ravizant nol ôte. V'estez d' culture francèsse pusk'on v's èl dit, tot come les Pariziens (sûr po l'accint), ou les Togolais ou les Quèbècwès èt si vos n' crèyez né cisse-lale, a-st eune ôte qui cût. A l'zès creûre, c'est nosse tchance du fé pârtèye dèl comûnôté francofone dè môde ètîr èt surtout n's estans insi pus solidêres des Brussèlwès francofones. Come s'i faléve djâzer lu mînme langue po-z èsse solidêres èt come s'i faléve su fé passer po one ôte po-z èsse ruk'nohou.

Deûzêm'mint, i fât qu' les Walons d'monèhe è l'Comunôté francèsse sins trop rucwèri a mostrer qui i sont, sins qwè i porît fé moussî foû on mâvâ nationalisse tûzèt-i.

C'est l'bokèt qu' nos hufèle cisse Comunôté francèsse, quu les Walons payèt leus takses por lèy, mins qu'i n' vout ré avu a vèyî avou zèls.

Lès Walons portant ont l' prètinchon d'èsse ôte tchwès qu' des Francofones. les èfants d' nosse payis volèt mostrer leu difèrince pace qu'ènnè sont fîrs èt pace quu tot d'monant zèls-minmes, èchapèt a l'môdialisachon des cultures qui vout dire, a l' fé dè côpte, qu'i farèt èsse come tot ses vwèsins, ruloûkî les bièsses du films amèrikins a l' TV, magnî des hamburgers è l' plèce d'eune fricassèye, beûre dè coca sins pèkèt èt rimplacer Tchantchès par Mickey. Si c'est çoula l' môdialisachon, nos n'è volans né .

Lu Comunôté rèye des Walons. Ele alowe nos çanss a fé roûvî quu n's ègzistans. Tot çou qu'est fêt a Brussèl ou bé qu'est è francès, èle èl lome culture. Tos l' rèsse côpte po dè peûve èt dè sé.

Lu pus bê ègzimpe qu'èle nos prind po des ènocints, c'est l' langue walone, què n a co des mèyes du djins qui s'ènnè chèrvèt ou bé qu'èl côprindèt (pus d'on milion).

E 1983, lu Conseil de la Communauté française votéve on dècret po lu stûdièdje dè walon è scale èt, è 1990, on ôte ruk'nohéve l'ègzistince du nos dialekes èt d' nos cultures régionales (sic). Dju v' pâye des tchikes si vos trovez po l' djoû d'oûy one seûle sucale qui v's acsègnerè lu walon d'vins les cours oficiéls. Bé sûr, les cis qui sont côte ont bê djêu du v' dîre quu d' tote façon lu Comunôté n'a pus des brokes èt qu'i vât mî stûdî les langues ètrindjîres. Po cès-la, i vât mî piède ses rècènes. Come si one âbe poléve viker sins rècènes !

Po çou qu'est dèl sôlidarité avou Brussèl, on n' nos l'a mây dumandé. On s' deût êdî ôk l'ôte èt c'est tot. Et si nos n'èl fans né, adon on nos prinrè pos des vikes-tot-seû ou bé on côpterè qu'nos nos racrampihans so nos-minmes.

Nos n'avans né co côpris poqwè nos sèrîz mons solidêres si nos duv'nans todi pus' nos-ôtes. Cu n'est né po çoula né pus quu nos d'vinrans des assotis nationalisses prêt's a fé miner l' guére èt a s'apougnî avou Piére ou Paul. C'est l' veûre quu d'vins les Payîs d' l'Est ç'a-st arrivé mins i s' fâreût d'mander poqwè. A m'îdèye, c'est pace quu les djins estît gouvernés par des dictateûrs qu'èlzès t'nît a gogne èt l'ci qu'est strôlé sâye on djoû ou l'ôte du s' ruvindjî. Ca n'èxcuse né tot a fêt mins c'est one bèye qu'èlzîs a ruv'nou.

Si nos volans on djoû qu' les Walons r'trovèhe du l'agrès, du l'èhawe, ça n' fêt nou pleû qu'i s' duvèt ruk'nohe Walons mins i n'èl poront quu si i sont-st aspalés pa leû pouvwér culturél.

Lu fèdèralisse, c'est hoûter l'avis da turtos. Tot chûhant c' principe la, i fâreût dusmantchî l' Comunôté francèsse èt ravoyî tot çou qu'èle s'ènn ocupe a l' Région walone qu'est l' seûl capâbe d'êdî les Walons.

Insi po les djins çu sèrè ossi pus âhî, èt s' côprinront i, dè mons, qui est mêsse è l' Walonrèye. A l'ouf ossi les bisbrouyes inte les deûs pouvwérs. Et a l'copète dè martchî on passerè co mèyeû tins.

C'è-st a c' pris la qu' les Walons poront bati on prodjet culturél po l' Walon'rèye èt âront tote lu lîbèrté du s'ènnè chèrvi a leû manîre.


Djan-Clôde SOMJA, divin: Qué walon po dmwin, Quorum, 1999.


1999 : cwè fé dèl Bèljike ?

Dièrinemint, on poléve lére è l' gazète Le Soir : " on jugera à la mi-98 si le gouvernement fédéral ne freine pas la dynamique de la Flandre. L'avancée de la Flandre doit se poursuivre grâce à l'adaptation des structures fédérales ". Èco one pike da Vandenbrande (lu keizer flamind) sûremint. Non.na vos. Li ci qui pâreule insi, c'èst Karel Vinck, mêsse dès mêsses [patron des patrons] è l'Flande. Dè mons, c'èst clér, li Flande è prumî, po l'Bèljike, on veûrè. È l' Comunôté francèsse, on nos a lontins fé crwêre qui lès Flaminds volint l' boneûr dèl Bèljike. Lès quéques Walons qui n'ont mây crèyu cisse fåve la, on l'z-a trêtî d' tos lès noms : pårtixheûs [séparatistes], foû-limites [extrémistes], walingants. Lès francofones crèyint télmint è l' Bèljike unitêre qui tot çu qu'èsteut comunôtêre, ça n' poléve èsse qui dès bièstreyes. C'èst sûr po çoula qu'å Congrès do CVP, on tchante li Vlaamse Leeuw èt å ci do PSC, li Brabançonne (nén I' Tchant dès Walons). C'èst la tote li difèrince èt asteûre, on-z-èst bén crås la qu' lès Flaminds n' volèt pus d' nos-ôtes.

Mins nosse Karel a ossi dit one saqwè d' fwärt sûtî : " Le Flamand, c'était le paysan, à qui on demandait de rester dans son coin, qu'on utilisait quand on en avait envie. On ne peut pas nous demander d'oublier tout ça ". Nos î vola. Lès Flaminds volèt leû rvindje pace qu'i tûzèt qu'lès Walons lès mètit a bas. Si vos n' crèyoz nén cisse-lale, i gn'a-st one ôte qui cût. È 1900 èt dès, çu n'est nén lès peûpes qui minint lès Payis, mins lès ritches, lès gros. Lès Walons n'avint djusse rén d' pus a dîre qui lès Flaminds. C'est bén simpe, i n' djåzint nén minme li francès, èt çu n'èst nén mès grands-parints qui v' dustrudjèyront [contrediront] la d'sus.

A tûzer : on n' kinoxhe måy lès djins qui qwand on nn'a mèzåhe (dandjî) - li ci qui vout bate si tchén troûve todi bén on baston.


Djan-Clôde Somdjan, divin, divin: Li Ranteule, N° 5, Erire såjhon 1997.


Des bêtes et des gens.
Il était membré (musclé) comme un tarin, jaloux un tigre mais c'était un écureuil, reluisant comme une taupe, Sa voisine était une vieille chouette, se promenant toujours parmi ses poules, avec une tête comme un rat qui a des jeunes et qui aussi vite qu'un ver dans la farine . Elle ressemblait un moineau qui est passé dans un feu de broussailles. Il fallait pourtant? S'en méfier comme du chat malin, (maître).
Un jour matin, il lui dit: Quoi de nouveau, ma petite?
"Rien de nos vaches ni de nos veaux" (intraduisible littéralement : rien de nos vaches ni de nouveau) lui épondit-elle comme elle avait la bouche toute sale, il fit le coq (litt le malin) et lui chanta.
Es-tu allée téter les truies? (expression utilisée uniquement en wallon pour désigner un enfant dont la bouche est fortement salie des aliments qu'il a mangés, bus ou sucés)
Toute verte, avec sa langue de vipêre, elle lui cria: Si jamais je t'attrape, je te ferai une tête comme un chardonneret, coq basset! (coq a très courtes pattes).
Essaies toujours, vieux débris et tu seras battue!
Alors, de peur elle prit la poudre d'ecampette comme un chat puant.


Jean-Claude Somja, divin: Calindrî walon 1999.


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